Pourquoi utiliser la Rhodiole en cas de stress et d’anxiété ?

Le stress est une réaction naturelle face à un événement perturbant, perçu comme dangereux par le cerveau, et qui permet au corps de mobiliser toutes ses ressources pour affronter une peur ou un danger externe. Toutefois, le stress peut devenir chronique quand le corps reste en alerte. Il n’a plus l’occasion de récupérer et il finit par s’épuiser. Cet affaiblissement psychique et physique peut avoir d’importantes répercussions sur notre organisme. La gestion du stress est donc essentielle pour préserver son bien-être mental, émotionnel et physique.

La Rhodiole (Rhodiola rosea), appelée aussi l’Orpin rose de Sibérie, la Racine d’or, ou encore le Ginseng de la toundra, est connue depuis 3000 ans des peuples nordiques. Elle est, selon les légendes scandinaves, la plante des héros Vikings, celle qui donne force, courage, confiance en soi et endurance ! Or, la Rhodiole est une plante adaptogène très utilisée en médecine traditionnelle européenne et chinoise. Ce terme, plante adaptogène, conceptualisé en 1947 par le Dr. russe Nicolaï Lazarev, signifie qu’elle favorise l’adaptation. Elle aide donc notre organisme à répondre de façon appropriée et sans toxicité aux différents stress, qu'ils soient physiques, mentaux ou émotionnels. Elle contribue alors à une meilleure résistance en renforçant la vitalité physique, en stimulant le système immunitaire, en soutenant les fonctions mentales et cognitives. Elle favorise, en outre, le retour à l’équilibre interne (homéostasie) en agissant sur le métabolisme. 

Des hypothèses récentes, basées sur le résultat d’études pharmacologiques, suggèrent que les principaux composants de la Rhodiole, comme la rosavine, le ralidrosive et des flavonoïdes induisent les effets anti-stress. Ces principes actifs seraient alors impliqués dans différents mécanismes d'action faisant intervenir des médiateurs cellulaires en lien avec l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, tels que :

• La réduction du cortisol  : la Rhodiole possède la propriété de réduire le taux de cortisol induit par le stress. Son impact sur les niveaux de cortisol varie néanmoins selon les conditions d'utilisation et les associations avec d'autres substances.

• La modulation des voies de signalisation du stress : la Rhodiole, en plus d’agir sur le cortisol, affecte également les taux d'oxyde nitrique (NO), un messager chimique des neurones. Cette réponse passe par des interactions avec les récepteurs des glucocorticoïdes qui permettent de réguler, entre autres, les fonctions inflammatoires, métaboliques et cardiovasculaires. Elle fait également intervenir la voie de la protéine kinase c-Jun N-terminal (JNK) qui influence les mécanismes de défense de l’organisme. Ces processus atténuent les effets du stress et impliquent notamment des protéines de défense comme les protéines de choc thermique (HSP70) qui jouent un rôle crucial en tant que protéines chaperonnes moléculaires en évitant l’agrégation d’autres protéines favorisée par le stress oxydatif, et le facteur de transcription DAF-16/FOXO qui intervient dans le contrôle de l’expression de gènes de résistance au stress oxydatif. 

Tous les mécanismes d’action de la Rhodiole ne sont pas à ce jour clairement identifiés et nécessitent des recherches complémentaires pour les explorer. Il apparaît néanmoins que la Rhodiole exerce ses effets anti-stress principalement en modulant le niveau de cortisol et en influençant diverses voies de signalisation impliquées dans les mécanismes du stress. Tous ces processus contribuent alors à des effets neuroprotecteurs et anti-inflammatoires nécessaires pour limiter les effets négatifs du stress sur la santé.

Si le stress est trop intense ou se répète de manière chronique, notre organisme peut en arriver au stade où ses capacités d’adaptation sont dépassées. Il s’affaiblit entraînant un épuisement intense, physique, émotionnel et mental, un détachement émotionnel (notamment vis-à-vis du travail), une perte de confiance dans ses propres aptitudes. Ce syndrome s’appelle alors le burn out. Ainsi, pendant la phase de résistance, caractérisée par des niveaux élevés de cortisol, les répercussions physiologiques sont multiples avec des conséquences néfastes sur la santé à plusieurs niveaux : perte de mémoire, réactions émotionnelles disproportionnées, hypertension et risques de maladies cardio-vasculaires, baisse de l'immunité… Puis, si ce processus se poursuit, il peut aboutir au burn out à proprement parler, qui correspond à l’effondrement du taux de cortisol faisant suite à la chute successive de l'adrénaline, puis de la dopamine et de la sérotonine.

Or, la Rhodiole pourrait jouer un rôle régulateur et freinateur dans ce processus de stress chronique pouvant mener au burn out. En effet, des essais cliniques ont montré que l'administration répétée d’extraits de Rhodiole à des sujets soumis à des situations de stress chronique, réduisait de façon significative leur taux de cortisol et contribuait, par conséquent, aux effets anti-fatigue et anti-stress. Une amélioration de la performance mentale, en particulier la capacité de concentration, et une réduction des symptômes de fatigue ont également été observées après la prise d’extraits de Rhodiole chez les patients souffrant de syndrome de fatigue lié au stress. 

En outre, bien que son implication ne soit pas clairement comprise et identifiée, la Rhodiole pourrait s’avérer efficace en cas de burn out. En effet, une étude multicentrique ouverte conduite sur 118 patients en état de burn out, a pu mettre en évidence une amélioration notable des mesures de stress et de burnout dès la première semaine de traitement avec la Rhodiole, avec des améliorations continues jusqu'à la fin de l'étude (12 semaines). Ces résultats prometteurs restent cependant à confirmer par des études complémentaires.

Les sensations de stress et d’anxiété sont deux réactions très proches. Elles sont souvent  associées puisqu’elles sont des réponses émotionnelles et physiques à un état psychique. Cependant, l’anxiété fait davantage référence à une réaction psychique, elle n’est pas causée par les mêmes déclencheurs et évolue différemment. C’est l’appréhension, l’anticipation de menaces qui provoque cette réaction du cerveau et le place dans une situation d’alerte à l'origine de signes physiques similaires à ceux du stress (accélération du rythme cardiaque, contractions musculaires, transpiration). C’est un trouble qui impacte la dynamique des réseaux cérébraux provoquant un dérèglement de la production et de la recapture de neurotransmetteurs majeurs, notamment le GABA (acide gamma-aminobutyrique) impliqué dans le sommeil, la relaxation et réduisant l'activité neuronale. 

La Rhodiole est traditionnellement utilisée pour lutter contre l’anxiété, mais les mécanismes par lesquels elle exercerait ses effets anxiolytiques sont complexes et ne sont pas encore totalement compris. De récentes études menées chez l’animal et chez l’Homme permettent néanmoins de confirmer son efficacité et d’avancer quelques hypothèses sur ses modes d’action qui impliqueraient plusieurs systèmes biologiques : 

• La Rhodiole aurait une action au niveau des récepteurs GABA. Des recherches ont en effet révélé une diminution significative des scores d'anxiété (mesurée avec l'échelle d'anxiété de Hamilton) chez des patients atteints de trouble anxieux généralisé (TAG) après une cure de Rhodiole allant de 14 jours à 10 semaines. Ces effets seraient notamment médiés par le site récepteur GABA de type A, principal neurotransmetteur inhibiteur dans le cerveau, cible par exemple des benzodiazépines comme le diazépam, l’alcool,… 

• Les principes actifs, contenus dans la plante, agiraient également sur l’épiphyse et la production de mélatonine, améliorant par conséquent la qualité de sommeil perturbé en cas d’anxiété.

• Les composants de la Rhodiole permettraient aussi de moduler l’activité des deux neurotransmetteurs, la sérotonine et de la dopamine, impliqués dans le mécanisme d’anxiété, mais également de dépression.

• Les propriétés anxiolytiques de la Rhodiole seraient, par ailleurs, la résultante de mécanismes complexes impliquant, comme dans la réponse au stress, plusieurs systèmes biologiques issus de l'axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien, notamment la régulation du cortisol et de voies de signalisation spécifiques.

Il est important de noter que les effets des plantes adaptogènes peuvent varier d'une personne à l'autre. Cependant, pour bénéficier des bienfaits de la Rhodiole en lien avec ses propriétés anti-stress et anxiolytiques, il est recommandé de : 

• privilégier les prises en début de journée pour éviter de perturber le sommeil
• fractionner la dose journalière en 2 prises. 
• ne pas dépasser 3 semaines de prise en continu. Après cette période, une pause d'au moins une semaine est conseillée avant de refaire une cure, si nécessaire. Si aucun effet bénéfique n'est constaté, il est essentiel de consulter un professionnel de la santé.

Les gélules, les capsules et les comprimés d’extraits de Rhodiole sont adaptés pour délivrer une dose précise. Ils permettent de protéger les actifs, d’en améliorer la stabilité et de masquer le goût de la plante. Il est cependant nécessaire d’être vigilant sur les excipients incorporés. 

Parmi les formulations disponibles, il existe des extraits titrés en principes actifs, notamment en rosavine (de 3 à 5%) et en salidrosides (2% en moyenne). Ils sont privilégiés dans les études scientifiques car ils garantissent une teneur constante en principes actifs et ont prouvé leur efficacité.

Différentes formulations sont également disponibles : 

• Des teintures mères ou extraits hydro-alcooliques, qui sont des extractions de la racine de la plante avec de l’eau et de l’alcool.
• Des extraits fluides de Plantes fraîches Standardisés et Glycérinés (EPS)

Conseil d’utilisation : la posologie est variable en fonction de la concentration et des conseils du fabricant. Ces formes se prennent en général dans un verre d’eau. Elles sont à privilégier par les personnes présentant des troubles de déglutition.

Les teintures mères étant composées d’alcool, elles sont déconseillées aux femmes enceintes et allaitantes, en cas d’affections hépatiques ou de sensibilité digestive.

La poudre brute de Rhodiole est issue du broyage mécanique de son rhizome séché. Elle contient le totum de la racine de la plante soit la globalité de ses actifs sous leur forme naturelle.

La forme la plus traditionnelle reste la décoction de racine séchée, étant donné que ses principes actifs comme la rosavine et les salidrosides sont solubles dans l’eau. 

En l'absence de données suffisantes, la Rhodiole n'est pas recommandée chez la femme enceinte ou allaitante, ni chez les enfants.

Par précaution, elle est également déconseillée chez les personnes atteintes de maladies auto-immunes (à cause du risque extrapolé de stimulation du système immunitaire).

Lors de cas sévères comme le stress post-traumatique, la dépression, l’anxiété généralisée ou le burn-out, il est important de consulter un professionnel de santé pour une prise en charge médicale adaptée.

En raison d'interactions médicamenteuses potentielles et d’un risque d’inhibition au niveau des cytochromes P450, la Rhodiole est déconseillée :

• Chez les personnes irritables, agitées, souffrant de troubles bipolaires, en particulier chez celles ayant des antécédents d'épisodes maniaques lors de la prise d'antidépresseurs ou de stimulants.
• Chez les personnes diabétiques en raison de son effet hypoglycémiant.
• Chez les personnes en situation d’hypotension artérielle pour les risques de modification de la pression artérielle, présentant des problèmes cardiaques et étant sous anti-coagulants.

Dans ce cadre, il est nécessaire de rester vigilant et de consulter un professionnel de santé pour un suivi médical.

La Rhodiole peut s’utiliser seule, mais il est souvent recommandé de la combiner à d’autres solutions naturelles anti-stress complémentaires, notamment d’autres plantes sous différentes formulations (infusion, en huiles essentielles, en hydrolats, en gemmothérapie). Le choix s’effectue alors en fonction du type de stress et des symptômes observés. À titre d’exemple, voici quelques associations envisageables avec :

• d’autres plantes adaptogènes, notamment, le Basilic sacré (Ocimum tenuiflorum), le Ginseng (Panax ginseng) qui vont davantage favoriser l'adaptation au stress
• des plantes du système neuro-endocrinien telles que l'Aubépine (Crataegus monogyna), la Valériane (Valeriana officinalis) et la Passiflore (Passiflora incarnata) mais aussi la Mélisse (Melissa officinalis) pour apporter plus de détente et de sérénité.
• des plantes du système vasculaire, en particulier le Ginkgo biloba (Ginkgo biloba) pour le renforcement cognitif en période d'examen par exemple ou pour renforcer la performance physique et diminuer la fatigue.
• le magnésium, les vitamines B,..., pour renforcer le fonctionnement cellulaire

Une palette d’autres moyens naturels, à la disposition de tous, ne sont pas à négliger :  

• L’alimentation, dans un premier temps, qui va permettre d’apporter tous les nutriments nécessaires au bon équilibre et au bon fonctionnement cellulaire.
• L’exercice physique et la qualité du sommeil qui restent des règles d’hygiène de vie incontournables 
• Les pratiques respiratoires, corporelles, méditatives seront également à expérimenter pour faire face aux différents stress.