Le Poivre noir est une épice utilisée dans le monde entier, utilisée pour rehausser la saveur et le caractère des aliments. Le piquant du Poivre vient d’un alcaloïde nommé pipérine. D’autres alcaloïdes peuvent également apporter du piquant au Poivre, tels que la pipéranine, la piperettine, la pipéryline A, la pipéroléine B et la pipéricine… La pipérine est néanmoins l’alcaloïde qui retient le plus notre attention depuis ces dernières décennies en raison de ses potentiels bienfaits pour la santé : antioxydants, anti-inflammatoires, hépatoprotecteurs, neuroprotecteurs et modulatrice de la pression artérielle. En effet, des études suggèrent que le Poivre noir, en particulier la pipérine qui la compose, influence la pression sanguine. Bien que ces nombreuses études soient encourageantes, il est encore difficile de confirmer que ce bienfait s’observe également chez l’Homme.

Cet article a été mis à jour le 11/10/2024

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Une action hypotensive de la pipérine

Le Poivre noir est une épice mondialement appréciée pour ses qualités organoleptiques. En effet, rares sont les épices capables de rehausser un plat aussi efficacement qu’un grain de Poivre. Issu de la plante Piper nigrum, le Poivre noir connaît une longue histoire de consommation chez l’Homme, autant comme épice, que comme remède. Au regard de cet intérêt historique pour le Poivre noir, la recherche scientifique a examiné les effets du Poivre, et plus spécifiquement de la pipérine. La pipérine, ou 1-pipéroylpipéridine, est un composé actif du Poivre, responsable de la pseudo-chaleur ressentie lorsque qu’il est consommé. La pipérine serait à l’origine de divers bienfaits du Poivre noir, comme la capacité à abaisser la pression sanguine.

Cette affirmation est le résultat de nombreuses études scientifiques menées sur l’animal. Plusieurs études (neuf au total) menées sur des rats ou des lapins ont observé que la pression sanguine des animaux était nettement améliorée. Pour la plupart des études, les chercheurs ont provoqué l’augmentation de la pression sanguine chez les animaux, via des drogues ou un régime alimentaire déséquilibré (riche en glucides et en graisses). Les animaux ont ensuite été séparés en deux groupes, dont l’un recevait de la pipérine, par voie orale, par voie intraveineuse ou directement dans l’aorte. Toutes ces études ont observé une diminution/normalisation significative de la pression sanguine chez les animaux comparés à ceux n’ayant pas reçu de pipérine.

Dans toutes ces études, les auteurs ont conclu que la pipérine, présente dans le Poivre noir, présentait des effets antihypertenseurs, contribuant à améliorer la santé cardiovasculaire. D’autres bienfaits sont également observés, comme une activité antioxydante, antithrombotique, anti-inflammatoire ou encore une influence positive sur la régulation de la glycémie et du métabolisme des lipides.

Mais pas pour le Poivre noir

L’engouement pour les bienfaits de la pipérine, le principal composé actif du Poivre noir, ne se traduit pas nécessairement par les mêmes effets lorsqu’on consomme le Poivre noir lui-même. En moyenne, le Poivre noir (Piper Nigrum) est composé de 1,7 à 7,4 % de pipérine. Cette proportion augmente chez le Poivre long (Piper Longum), allant de 5 à 9 %, et diminue pour le Poivre du Ghana (Piper Guineense) avec environ 0,23 à 1,1 %. La pipérine ne constitue qu’une faible portion du Poivre noir. Celui-ci est constitué d’une multitude d’autres composés actifs, qui interagissent avec la pipérine. Il n’est donc pas possible de transférer les observations trouvées pour la pipérine directement au Poivre noir.

En effet, selon les études scientifiques consultées, la pipérine serait hypotensive entre 30 mg/kg et 50 mg/kg (chez l’animal !). Cela signifie que pour un adulte de 70 kg, il faudrait consommer 2100 à 2800 mg de pipérine. Sachant que la pipérine ne représente, en moyenne, que 4,5 % du Poivre noir, cela nécessiterait de consommer 46,66 à 62,22 g de Poivre par jour. Notons qu’un grain de Poivre noir pèse environ 0,06 g, il faudrait donc consommer 777 à 1037 grains de Poivre, tous les jours, pendant plus de 8 semaines...

Au-delà de représenter un réel coût économique, les effets secondaires d’une telle consommation apparaîtraient bien avant d’observer le potentiel hypotenseur de la pipérine. Sans oublier que les voies d’administration utilisées dans les études sur l’animal sont rarement orales, mais plutôt par injection. La biodisponibilité de la pipérine étant plus faible lorsqu'elle passe par les intestins, il est donc possible de revoir encore à la hausse la quantité de Poivre noir à consommer.

De ces considérations, à ce jour, le Poivre noir ne semble pas capable de diminuer la pression sanguine. D’autres études scientifiques sérieuses, menées sur l’Homme avec une supplémentation raisonnable de Poivre noir, seraient nécessaires pour vérifier si les bienfaits observés de la pipérine peuvent être obtenus avec le Poivre noir. À ce jour, l'extrapolation de ces propriétés reste trop incertaine pour attribuer au Poivre noir de tels bienfaits.

Peut-on consommer du Poivre noir en cas d’hypertension ?

Bien que les bienfaits du Poivre noir sur l’hypertension soient incertains ou potentiellement faibles, il est tout à fait possible de consommer du Poivre noir en cas d’hypertension.

Le Poivre noir est une épice intéressante pour la santé cardiovasculaire. Plusieurs études observent que le Poivre noir a une activité antioxydante forte. Selon ces dernières, le Poivre noir contiendrait de nombreux composés phénoliques, qui neutraliseraient les radicaux libres. Normalement, notre corps est capable de neutraliser efficacement les radicaux libres naturellement produits. Cependant, dans certaines situations telles que la pollution, l'excès d'activité physique, une alimentation transformée, etc., la teneur en radicaux libres peut devenir excessive, dépassant la capacité de notre organisme à les éliminer. Le stress oxydant et l’hypertension artérielle sont étroitement liés. Les radicaux libres endommageraient les cellules et les tissus du corps, y compris les parois des vaisseaux sanguins. En excès, cela favoriserait l’inflammation des vaisseaux et contribuerait à augmenter la rigidité vasculaire, ce qui se traduit par une résistance accrue au flux sanguin : l’hypertension artérielle.

Aucun aliment ne doit être totalement banni, comme toujours c’est une question de quantité. Le Poivre noir ne montre pas de danger en cas d’hypertension artérielle. D’autres habitudes peuvent être mises en place pour réduire la pression artérielle, comme adopter une alimentation variée et équilibrée, en réduisant sa consommation de sel et en favorisant les bonnes graisses (poissons gras, huiles riches en omégas-3, fruits à coque, etc.). L’activité physique, le sommeil et la gestion du stress sont également des moyens efficaces pour normaliser efficacement la pression sanguine. Enfin, il est essentiel d’être suivi par un médecin traitant en cas d’hypertension. Leur expertise médicale est primordiale pour prévenir l’aggravation des symptômes et vous fournir des conseils personnalisés.

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