Dans l’Egypte ancienne, l’utilisation des argiles était déjà une coutume. En raison de ses propriétés purifiantes, absorbantes et assainissantes, les égyptiens l’utilisaient pour la momification des corps. La fameuse “boue du Nil” était une matière largement utilisée lors de cette pratique. Avant les égyptiens, il semblerait que les premières momies connues soient les “chinchorros” en provenance du Chili. Environ 7000 ans avant Jésus-Christ, la momification chilienne consistait à éviscérer le corps du défunt et à vider son crâne avant d’enduire ses os d’argile. Cette reconstitution de la morphologie initiale est l’une des premières empreinte des argiles dans l’Histoire !
De ce temps, l’argile était également présente dans la pharmacopée comme en témoigne les papyrus retraçant histoires de l’humanité et remèdes ô combien naturels ! Brûlures, plaies, maux d’estomac, diarrhées, l’argile, parmi tant d’autres remèdes, a su faire sa place pour soulager de nombreux maux.
Au temps de l’Antiquité Grecque et Romaine, Hippocrate le Grand (460 à 370 avant J.-C.), père de la médecine, mentionne l’utilisation de la terre de Lemnos, une île située à l’est de la Grèce au coeur de la mer Egée. Cette terre particulière s’est révélée être composée d’argiles… Et sa conquête de la notoriété était loin d’être finie...
Au 1er siècle après J.-C., notre fameuse argile fût mentionnée une nouvelle fois en tant que terre de Lemnos, par Pline l’ancien (23 à 79 après J.-C.), un naturaliste romain et écrivain, dans sa fameuse encyclopédie “Histoire naturelle”. Puis après de nombreuses apparitions dans des traités de médecine et de pharmacologie, entre le 10ème et le 13ème siècle, ce sont de grands naturopathes allemands qui ont participé, bien plus tard, à une véritable renaissance de l’argile à des fins médicinales ! Au 19ème siècle, Sébastien Kneipp (1821 à 1897) un prêtre allemand s’est fait connaître grâce à ses thérapies naturelles. Parmi elles, on retrouve les cataplasmes à base d’argile et de vinaigre… De nos jours, la méthode Kneipp, axée sur 5 grands piliers que sont l’hydrothérapie, la phytothérapie, l’activité physique, un régime sain et le rétablissement d’un équilibre, est largement reprise dans des établissements de bien-être et de santé. D’autres naturopathes allemands comme Louis Kuhne (1835 à 1901) ou encore le pasteur Emanuel Felke (1856 à 1926), ont perpétué, au fil des années, le recours à des remèdes naturels comme les argiles. D’ailleurs, un autre allemand, (décidément ils sont en avance sur nous à ce niveau…) Julius Strumpf médecin berlinois, utilisa avec succès de l’argile blanche pour traiter une forme de choléra asiatique.
Autant d’usages perpétrés à travers les temps témoignant d’une indéniable efficacité...
Plus proche de nous, au cours des guerres du siècle précédent, s’en sont suivies des utilisations diverses et variées… Pour lutter contre une autre maladie infectieuse touchant le système digestif comme la dysenterie ou encore pour aider nos amis les animaux à soigner leurs blessures : les bains de boue ils connaissent et ils pratiquent instinctivement ! Décidément l’argile a eu, a et aura de nombreux usages que soit chez l’Homme mais aussi chez l’animal... Et comment parler argile sans parler de Raymond Dextreit (1908 à 2001), naturopathe pionnier du siècle dernier dans l’utilisation et la promotion de l’argile à travers de nombreux ouvrages parus dès les années 50 ? Son engagement général sur divers thèmes de la santé lui a même valu l’honneur de se voir décerner le Prix de la paix en 1989 au titre des médecines naturelles par l’Académie diplomatique de la Paix à Bruxelles. Selon lui, “Toutes les possibilités de guérison, de prévention, de maintien de la santé se trouvent dans la nature.” et à la Compagnie ont bien d’accord pour dire que la Nature regorge de trésors…
Et finalement, saviez-vous que Gandhi (1869 à 1948), le grand guide spirituel de l’Inde, était un partisan et féru des médecines dites naturelles ? Et parmi elles l’argile avait sa place !
Aujourd’hui, après des années mises de côté, les argiles refont surface ! C’est le cas pour les pays comme la France pratiquant la médecine dite moderne car pour d’autres pays l’usage de l’argile n’a jamais disparu… En effet, à Madagascar par exemple, (oui c’est un exemple qui nous est cher) la médecine traditionnelle est toujours pratiquée et les marchés malgaches recèlent de remèdes que l’on pourra qualifier de “locaux”. Dans d’autres pays comme au Maroc, c’est le Rhassoul, une argile surtout utilisée pour des soins de beauté, qui fait partie intégrante de la culture. Plus largement, elle est traditionnellement utilisée en Afrique du nord lors du rituel du hammam.
Si l’on s’attache à la médecine actuelle dite moderne, en France l’argile a sobrement fait sa place. Et oui, le fameux Smecta® par exemple n’est autre qu’un médicament composé d’une sorte d’argile : la diosmectite. Aussi, un tout récent moyen d’employer l’argile a (re)vu le jour. Il s'agit de la fangothérapie, autrement dit le traitement par les boues.
Définitivement, l’argile en a sous le coude et gagne à être connue...