Les règles douloureuses, ou ce qu’on appelle aussi les dysménorrhées, sont un problème de santé publique dont la prévalence en France est d’une femme sur deux, à savoir 60 % des femmes âgées entre 15 à 19 ans. Cela peut avoir un impact négatif sur la qualité de vie, allant jusqu’à l’absentéisme scolaire ou professionnel lorsque les douleurs sont très intenses. Dans ce cadre, le Gingembre a été mis à l’étude afin d’évaluer le potentiel antispasmodique et anti-inflammatoire sur les règles douloureuses. Les recherches scientifiques ont pu démontrer que cette plante permettait de soulager les douleurs en jouant un rôle dans la régulation des prostaglandines, hormones impliquées dans les dysménorrhées lorsqu’elles sont en excès. Dans cet article seront donnés et détaillés les bienfaits du Gingembre sur les dysménorrhées et les règles abondantes, des conseils hygiéno-diététiques et d’autres solutions naturelles aussi efficaces.
Cet article a été mis à jour le 14/12/2023Le Gingembre peut aider à limiter les contractions douloureuses durant la période de menstruation. En effet, le gingérol et le shogaol sont les deux principes actifs du Gingembre qui ont une action antispasmodique permettant d’atténuer les règles douloureuses. Elles peuvent être primaires (absence de pathologie) ou secondaires (dues à une pathologie organique, telle que l’endométriose ou les fibromes etc.)
Il faut savoir que durant cette période, les prostaglandines de type 2 sont sécrétées pour expulser l’endomètre (la muqueuse utérine). Lorsque celles-ci sont produites de manière excessive, elles peuvent provoquer des contractions utérines très importantes et entraîner par la suite des règles anormalement douloureuses. Les prostaglandines sont fortement impliquées dans la pathogenèse des dysménorrhées. Dans ce cadre, le Gingembre a fait l’objet de plusieurs études qui ont démontré que ce dernier permettrait de supprimer la synthèse des prostaglandines en inhibant la cyclooxygénase (enzyme qui catalyse l’acide arachidonique en prostaglandines). De cette manière, le Gingembre serait une solution naturelle envisageable pour lutter contre les règles douloureuses. Un avis médical est important en cas de règles très douloureuses car cela peut avoir une autre étiologie.
Le Gingembre peut aider à limiter l’inflammation en cas de dysménorrhées secondaires via plusieurs processus. L’utérus produit des substances inflammatoires (prostaglandines) de manière excessive qui privent les tissus de l’utérus d’oxygène. Ce phénomène est causé par la compression des petits vaisseaux, ce qui entraîne une inflammation, accentuant alors les crampes menstruelles.
Les prostaglandines ne sont pas seules en cause, les cytokines pro-inflammatoires sont aussi impliquées dans l’inflammation et les crampes abdominales. Dans ce cadre, les principes actifs du Gingembre ont une action anti-inflammatoire qui permet de réduire la production des :
Prostaglandines, considérées comme des médiateurs pro-inflammatoires.
Cytokines pro-inflammatoires (les interleukines-1 (IL-1), IL-6 et le facteur de nécrose tumorale – alpha (TNF-alpha)).
Une méta-analyse aurait énoncé que le Gingembre pourrait également inhiber les leucotriènes. Ces molécules, dérivées de l’acide arachidonique, sont également à l’origine de la tonicité de l’utérus et de la vasoconstriction, c’est ainsi qu’elles sont impliquées dans les dysménorrhées. Les scientifiques ont suggéré que le Gingembre serait aussi efficace que les anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS) contre les dysménorrhées primaires. Cela concerne notamment l’ibuprofène, le Nurofen, Novafen et l’acide méfénamique (mefenamic acid), qui sont des traitements symptomatiques des affections douloureuses d’intensité légère à modérée. Demander l’avis d’un médecin est recommandé avant de démarrer une cure.
Le Gingembre permet de réduire les nausées et les vomissements qui peuvent survenir durant la période de menstruation. En effet, les règles douloureuses sont souvent accompagnées de nausées et de vomissements, causés par un excès de prostaglandines dans l’organisme. Cet excès entraîne des contractions de l’utérus pouvant provoquer des sensations nauséeuses plus ou moins importantes et des vomissements pendant la période de menstruation ou même avant.
L’action du Gingembre dans la lutte contre les nausées et les vomissements a été prouvée par plusieurs études. Ses principes actifs, le gingérol et le shogaol, agissent comme des antagonistes du récepteur 5-HT3. Lorsque ce dernier est stimulé, il émet un signal via la moelle épinière jusqu’au centre de contrôle du vomissement et entraîne la sensation de nausée, induisant ainsi le vomissement. Les scientifiques auraient même suggéré que cette plante pouvait être une alternative assez intéressante aux médicaments antiémétiques et ce, pour trois raisons : Le Gingembre est un remède naturel, à faible coût et a très peu d’effets indésirables par rapport à certains médicaments antiémétiques (vertiges, somnolence, forte fatigue (asthénie), hypotension, acouphènes, etc.)
Le Gingembre peut être considéré comme une alternative thérapeutique contre les règles abondantes. Telle est la conclusion du premier essai clinique réalisé sur près de 92 femmes atteintes de dysménorrhée primaire et qui souffrent de règles abondantes. Les résultats de cette étude ont rapporté des observations assez optimistes, à savoir :
Les femmes sous traitement au Gingembre ont vu leur abondance de règles diminuer considérablement à chaque cycle menstruel, durant les 3 mois d’intervention.
Une diminution statistiquement significative de 46 % de l’abondance des règles, entre le début et la fin de l’intervention.
Cela a été évalué grâce au tableau d’évaluation du sang en images (Pictorial Blood Assessment Chart (PBAC)). Le mécanisme d’action du Gingembre est encore inconnu. Cependant, les scientifiques savent que cette plante agit sur le niveau des prostaglandines qui, selon eux, est beaucoup plus élevé chez les femmes souffrant de règles abondantes que les femmes ayant des saignements menstruels normaux.
Toutefois, d’autres études ont besoin de voir le jour étant donné que les critères de cet essai clinique ont exclu toutes les femmes atteintes de surpoids, d’obésité, de maladie gynécologique (endométriose, kyste ovarien, fibromes…), ayant un cycle menstruel irrégulier et sous traitement hormonal ou anti-inflammatoire non stéroïdien.
Avant d’avoir recours au Gingembre ou à tout remède naturel pour soulager les dysménorrhées primaires ou secondaires, il est conseillé de consulter un médecin ou un gynécologue rapidement afin de connaître l’étiologie des douleurs. Ces dernières peuvent cacher une maladie nécessitant un traitement particulier, voire une prise en charge rapide (endométriose, fibromes, kystes ovariens, etc.). Aussi, une anémie ferriprive ou une carence en fer, une alimentation riche en aliments pro-inflammatoires et le tabagisme, sont des facteurs aggravants des règles abondantes et douloureuses.
Apporter du Gingembre à son alimentation pour soulager les règles douloureuses ou abondantes nécessite aussi d’avoir une bonne hygiène de vie, et de pratiquer une activité physique régulière et adaptée. Veiller à adopter une alimentation variée et saine :
Un bon équilibre entre les omégas-3 et omégas-6 est recommandé afin de lutter contre l’inflammation.
Avoir un statut de fer normal est important, en particulier si les règles sont abondantes, pour éviter la fatigue, les troubles de la mémoire, l’altération des phanères (cheveux, ongles, poils), etc. Cela va de soit pour le Magnésium (haricots de mer, son de blé, Noix du Brésil, Cacao), le Zinc (huîtres, germes de blé, viandes rouges), et les vitamines C (Acérola en poudre, poivron rouge, jaune, brocoli, kiwi etc.) et B6 (Gelée royale, son de riz, etc.) car ils participent tous à la synthèse des prostaglandines.
Eviter tout aliment ou boisson pouvant favoriser un terrain inflammatoire, notamment ceux riches en acides gras saturés, trop sucrés ou trop salés, les boissons caféinées ou alcoolisées, etc. En revanche, bien s'hydrater à raison de 1,5 à 3 litres d'eau par jour, en fonction des besoins.
Quant au Gingembre, il est possible de l’incorporer dans tout type de préparation : sauces, plats salés ou sucrés, chutneys (d’oignons et d’ail…), confitures (pamplemousses, rhubarbes, poires…) marinades, soupes et boissons diverses. Les doses journalières recommandées sont les suivantes :
Gingembre en poudre : jusqu’à 4 à 5 g par jour, ce qui équivaut à une cuillère à café environ.
Gingembre séché : entre 1 à 2 cuillères à café par jour de plante séchée, 250 mg pour les femmes allaitantes.
Gingembre frais : jusqu’à 10 à 15 g par jour de rhizome frais.
Incorporer 2 à 4 g de Gingembre en poudre ou 1 à 2 g de racine séchée et 1 cuillère à soupe d’Achillée millefeuille, ou d’Alchémille dans de l’eau froide. Faire bouillir pendant 3 à 5 minutes puis laisser infuser 10 minutes. Filtrer la boisson puis ajouter du miel si nécessaire pour sucrer. Boire 2 à 3 tasses, une semaine avant le début et pendant les règles.
Infuser 2 à 4 g de Gingembre en poudre ou 1 à 2 g de racine séchée dans de l’eau chaude et 1 cuillère à soupe de Camomille Matricaire, ou de Mélisse. Laisser infuser pendant 5 minutes. Filtrer la boisson puis ajouter du miel si nécessaire pour sucrer. Boire 2 à 3 tasses, une semaine avant le début et pendant les règles.
Augmenter progressivement les doses de Gingembre jusqu’à la dose journalière recommandée (DJR) pour éviter tout effet indésirable.
Il est important de respecter les DJR pour ne pas être en surdosage et subir des effets indésirables (irritation de la bouche, de la gorge, des brûlures d’estomac, et une diarrhée dans des cas plus extrêmes).
Les principes actifs du Gingembre, dont le gingérol, le shogaol et le paradol, peuvent avoir des interactions avec certains traitements médicamenteux : anticoagulants, antidiabétiques et hypotenseurs. Il est donc conseillé de demander un avis médical avant la consommation ou la supplémentation de Gingembre.
En cas d’obstruction des voies biliaires, le Gingembre est contre-indiqué car il a des propriétés cholérétiques (stimule la production de la bile par le foie) et contient des minéraux (phosphore, calcium sodium...) qui pourraient potentiellement favoriser l’apparition de calculs biliaires.
Hors usage alimentaire, le Gingembre et la supplémentation en gingérol, shogaol ou paradol sont à éviter chez les enfants de moins de 6 ans et avant une intervention chirurgicale. Les femmes allaitantes doivent prendre l’avis de leur médecin.
Achillée Millefeuille : antispasmodique, anti-inflammatoire, hémostatique et anti-oestrogénique.
Alchémille : efficace contre les troubles gynécologiques, notamment le syndrome prémenstruel (SPM).
Camomille Matricaire : efficace contre les dysménorrhées, règles irrégulières et syndrome prémenstruel.
Mélisse : relaxante et anti-inflammatoire, efficace contre les troubles de l’humeur.
Huile essentielle d’Estragon : Antispasmodique musculotrope, permet d’agir sur le muscle utérin et éviter les spasmes.
Huile essentielle de Basilic Tropical : Antispasmodique, bloque la transmission de messagers nerveux responsables de la contraction et des spasmes des muscles lisses, notamment l’utérus.
Macérat de bourgeons de Framboisier : Régulateur de la sécrétion des hormones ovariennes et antispasmodique.
Macérat de bourgeons de Tilleul : Pour renforcer l’action antispasmodique du Framboisier.
Macérat de bourgeons de Vigne :Agit sur la régulation hormonale et a une action anti-inflammatoire.
Macérat de bourgeons de Châtaignier : Pour son action décongestionnante de la région pelvienne.
Hydrolat de Basilic : Pour son action antispasmodique, calme aussi l’agitation mentale et le stress.
Hydrolat d’Achillée Millefeuille : Pour son action antihémorragique, en cas de règles abondantes, soulage les douleurs prémenstruelles.
Il est important de prendre l’avis d’un professionnel de la santé avant de démarrer une cure. Il existe des précautions d’emploi pour chaque produit qu’il est nécessaire de connaître avant toute utilisation.
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