Les graines de Fenugrec modifient-elles l'odeur corporelle ?

Notre corps produit naturellement des composés aromatiques spécifiques nous conférant une odeur corporelle spécifique. En effet, chaque individu possède sa propre odeur corporelle. Cette dernière est influencée par divers facteurs, comme la génétique, le microbiome cutané, le sexe, les hormones et les facteurs environnementaux.

Deux facteurs environnementaux sont identifiés comme ayant une incidence notable sur l’odeur corporelle : certaines maladies, telles que la phénylcétonurie, l’acidémie isovalérique, la triméthylaminurie, le diabète, la tuberculose, entre autres ; et l’alimentation. Certains aliments sont capables de modifier l’odeur cutanée, l’odeur de la transpiration, l’haleine, les sécrétions, et d'autres. Parmi ces aliments, le Fenugrec est reconnu pour donner une odeur de « sirop d’érable » à la transpiration et à l’urine. 

Des études ont permis d’identifier les composés aromatiques du Fenugrec modifiant l’odeur de la transpiration : la 3-hydroxy-4,5-diméthyl-2(5H)-furanone, ou également nommé sotolon. Ce dernier serait le principal composé aromatique du Fenugrec. Son nom provient du mot japonais "soto", qui signifie "sucre brut". L’odeur perçue serait influencée par la concentration de cette dernière : à forte concentration, le sotolon aurait une odeur de curry, tandis qu’à faible concentration, il aurait une odeur de caramel, de sucre brûlé ou de sirop d’érable.

D’autres composés aromatiques du Fenugrec influenceraient aussi l’odeur de la transpiration, selon une étude française de 2011. Pour cette étude, deux hommes, qui suivaient le même régime alimentaire, ont prélevé des échantillons de leur propre sueur avant et pendant la période d'ingestion du Fenugrec pour fournir deux profils sudoraux : un profil normal et un profil Fenugrec. Les sueurs des hommes ont été analysées par chromatographie (méthode qui permet d'identifier les composés aromatiques) et par olfactométrie (méthode qui permet de décrire l’odeur des composés). Au total, seize composés aromatiques étaient associés uniquement à l'ingestion de Fenugrec. Il s'agissait du bêta-pinène, du 3-octène-2-one, du camphre, de la 2,5-diméthylpyrazine, du terpinène-4-ol, du 4-isopropyl-benzaldéhyde, de l'acétate de néryle et du bêta-caryophyllène. La 2,5-diméthylpyrazine avait la fréquence de détection la plus élevée parmi les huit panélistes. Chaque composé possède une odeur singulière selon l’olfactométrie, par exemple le β-pinène sent le moisi, le sucré et l’oignon, la 2,5-diméthylpyrazine sent le rôti, les acétates de néryl et le α-sélénène sentent les fruits, etc.

Les chercheurs n’ont pas réussi à identifier tous les composés en raison de la limite de détection du chromatographe. Ils supposent que l’un des composés non identifiés pourrait être le sotolon, en raison de la forte odeur de sirop d'érable de l’échantillon.

Ainsi, les graines de Fenugrec modifient la composition de la transpiration et de l’urine en raison de divers composés tels que le sotolon.

Trois méthodes peuvent être envisagées pour ne pas sentir une modification de son odeur personnelle avec une consommation de Fenugrec :

• Limiter la consommation de graines de Fenugrec : selon le protocole expérimental de l’étude française citée, 10 g de graines de Fenugrec consommées quotidiennement suffisent à modifier la composition de la transpiration. Il serait donc judicieux de consommer au maximum 10 g de graines de Fenugrec, soit 2 cuillères à soupe. Par ailleurs, de nombreux mélanges d’épices contiennent des graines de Fenugrec cachées, tels que le curry, le ras el hanout, le massalé, le garam masala ou le baharat. D’autres épices, herbes aromatiques et condiments peuvent s’employer pour limiter l’utilisation des graines de Fenugrec.

• Se débarrasser des composés aromatiques : plusieurs consommateurs indiquent que l’odeur de sirop d’érable de leur transpiration diminue lorsqu’ils se lavent avec de l’huile végétale. Il semblerait que le sel et quelques gouttes de jus de citron contribuent également à modérer l’odeur. Par ailleurs, il peut être envisagé de se laver avec un savon surgras, afin que les composés aromatiques « s’accrochent » aux agents graissants du savon.

• Masquer l’odeur : rien de tel que les huiles essentielles pour masquer l’odeur du Fenugrec ! Par exemple, confectionner et utiliser un déodorant à base d’huile essentielle de Palmarosa est un excellent moyen pour remédier naturellement contre les odeurs persistantes.