Comment profiter des bienfaits de l’Eleuthérocoque ?

En tant que tonifiant et adaptogène, la racine d’Eleuthérocoque (Eleutherococcus senticosus) est préconisée en cas de stress, de manque de concentration, d’asthénie, de période de fatigue, de faiblesse immunitaire ou de convalescence.

• L’Eleuthérocoque est réservé à un usage oral, que ce soit en tisane, en poudre, en gélules (ou comprimés), en teinture mère ou encore en ampoule buvable.

• Compte tenu de son action stimulante, les prises sont préférables en début de journée et les cures d’Eleuthérocoque ne doivent pas dépasser 3 mois, voire 2 mois, selon l’EMA (Agence européenne du médicament). Ces cures doivent impérativement être entrecoupées par des « pauses thérapeutiques » (une semaine d’arrêt après 3 semaines de prise). Ces indications sont importantes, car elles permettent d’éviter que l’organisme s’épuise.

Les gélules et les comprimés d’Eleuthérocoque contiennent au centre de ces deux formulations de la poudre de racines séchées d’Eleuthérocoque. Cette poudre est issue du broyage mécanique ou extraite à l’aide de solvants. En plus de réduire considérablement le goût, les gélules et les comprimés limitent le risque de surdosage et les effets indésirables associés. 

La poudre d’Eleuthérocoque provient du broyage mécanique des racines séchées d’Eleuthérocoque. Elle ne contient ni composants ni ingrédients supplémentaires, à la différence des comprimés et des gélules d’Eleuthérocoque. En plus d’être plus abordable, la poudre d’Eleuthérocoque permet de faire varier le dosage en fonction de ses propres besoins. La poudre d’Eleuthérocoque s’utilise diluée dans un liquide (eau, jus de fruits, etc.) ou mélangée dans la ration quotidienne (compote, laitage, etc.). Il est également possible de réaliser une infusion à partir de la poudre. En revanche, pour les personnes trouvant le goût déplaisant, il est possible de se tourner vers la version gélule ou comprimé.

La décoction et l’infusion d’Eleuthérocoque sont deux préparations traditionnelles permettant d’extraire les molécules actives et solubles dans l’eau de la racine d’Eleuthérocoque. Il est conseillé de boire la tisane d’Eleuthérocoque de préférence le matin.

• En décoction à partir des racines séchées : introduire la quantité nécessaire de racines d’Eleuthérocoque (environ 50 g) et faire bouillir le tout durant environ 15 à 20 minutes. Source : Lorrain, É. (2019). Grand Manuel de phytothérapie. Dunod, p.370.

• En infusion à partir de la poudre : introduire 2 à 4 g de poudre de racines d’Eleuthérocoque dans 150 mL d’eau frémissante (80-90°C). Couvrir la tasse et laisser infuser pendant une dizaine de minutes. Filtrer la préparation et déguster doucement l’infusion d’Eleuthérocoque. Il est possible de boire 1 à 2 tasses de cette infusion par jour. Source : Lorrain, É. (2019). Grand Manuel de phytothérapie. Dunod, p.370.

La teinture mère d’Eleuthérocoque ou de Ginseng de Sibérie provient de la macération des racines de la plante dans une solution hydroalcoolique (alcool-eau). Étant donné que les teintures mères sont des préparations très concentrées, il suffit de diluer quelques gouttes de teinture mère d’Eleuthérocoque (selon les indications détaillées par le fabricant) dans un verre d’eau juste avant de boire. Par ailleurs, la présence naturelle d’alcool dans cette préparation est un inconvénient majeur pour les personnes ne pouvant pas en consommer (confession religieuse,pathologies hépatiques, etc.).

L’Eleuthérocoque peut aussi se trouver dans les ampoules unidoses buvables. Ces ampoules peuvent contenir d’autres extraits naturels aux propriétés similaires ou complémentaires comme du Propolis, de la Gelée Royale ou du Gingembre, par exemple. De manière générale, les ampoules buvables assurent un dosage précis et fiable tout au long de la cure. Elles permettent aussi de préserver les principes actifs contre le phénomène d’oxydation.

Au même titre que la poudre d'Ashwagandha (Whitana somnifera), la Rhodiole (Rhodiola rosea) ou le Ginseng (Panax ginseng C.A. Meyer), l’Eleuthérocoque, aussi connu sous l’appellation Ginseng de Sibérie, est une plante adaptogène. Cette racine a en effet la capacité d’aider l’organisme à s’adapter et à résister aux différents stress que ce soit un stress émotionnel, mental ou même physique. Plus précisément, l’Eleuthérocoque peut accroître les capacités physiques et mentales tout en harmonisant les fonctions de l’organisme. Les bienfaits de l’Eleuthérocoque proviendraient de son action sur les glandes surrénales. Bien que leur appellation et leurs usages soient similaires, il ne faut pas confondre le Ginseng de Sibérie (Eleutherococcus senticosus) avec le Ginseng (Panax ginseng C.A. Meyer) en raison de leurs différences d’origine, de composition et de certaines propriétés.  

Les autorités de santé reconnaissent tous l’intérêt de cette racine en cas de fatigue ou d’asthénie. En effet, l’EMA (Agence européenne du médicament) admet comme « traditionnellement établie » l’utilisation de l’Eleuthérocoque dans « les asthénies, l’état de fatigue et de faiblesse ». La racine d’Eleuthérocoque est perçue comme un tonifiant et un stimulant. Une étude a d’ailleurs observé que l’Eleuthérocoque pourrait à la fois réduire la fatigue grâce à sa composition en éleuthéroside E, mais aussi réduire le taux de l’hormone du stress : la corticostérone ou cortisol. Cette étude a été menée chez des souris supplémentées par de l’Eleuthérocoque et devant réaliser un test de nage forcée. Après 9 jours de supplémentation, les chercheurs ont vu que ces souris ont augmenté le temps de nage.

En tant que complément alimentaire, une étude a comparé l’Eleuthérocoque et le Ginseng pour améliorer la condition physique. Cette étude randomisée contrôlée par un placebo a mis en évidence que la prise d’1 g d’Eleuthérocoque par jour, et ce, pendant 6 semaines, a permis une hausse de la force pectorale et des quadriceps respectivement de 15 % et de 13 %. Par ailleurs, l’Eleuthérocoque pourrait également agir sur la VO2 max, réduire la surcharge de lactates et assurer une meilleure utilisation des graisses. Pour l’histoire, l’Eleuthérocoque aurait même été consommé par les champions de l’ex-URSS pendant la période des Jeux Olympiques.

Le potentiel anti-inflammatoire de l’Eleuthérocoque vient tout récemment d’être étudié. En effet, deux études sur les murins ont montré des propriétés anti-neuro-inflammatoires. Cette première étude a montré que les injections intrapéritonéales réduisent l’expression du gène COX-2 du fait de sa composition en éleuthérosides. Par ailleurs, une seconde étude montre que la saponine pourrait moduler les voies cellulaires MAPKs et PI3K/AKT.

En résumé, l’Eleuthérocoque pourrait être intéressante en cas de rhumatisme et d’arthrose, puisque cette plante est impliquée dans les voies de signalisation. Bien que le potentiel anti-inflammatoire soit prometteur, d’autres études sont nécessaires pour garantir ses propriétés, et particulièrement chez l’Homme. En attendant ces études, il est recommandé de privilégier d’autres plantes et anti-inflammatoires naturels qui ont notamment fait leur preuve en cas de rhumatisme et d’arthrose comme le Cassis (Ribes nigrum L.), la Reine des prés (Filipendula ulmaria (L.) Maxim) ou l’Ortie (Urtica dioica L.), par exemple.

Bien que la médecine traditionnelle mentionne son usage pour normaliser la tension artérielle, les effets de l’Eleuthérocoque sur l’hypertension sont discutables. En effet, des études cliniques russes réalisées chez des personnes hypertendues montrent des effets indésirables, tandis qu’une étude clinique datant de 2004 montre son innocuité. En parallèle, une autre étude clinique suggère que l’Eleuthérocoque pourrait accroître indirectement la pression artérielle grâce à son action sur le cortisol (hausse de 31 % du taux de cortisol pendant la première phase de résistance eu stress).

Du côté des autorités de santé, la Commission E du ministère de la Santé allemand ne préconise pas l’usage de la racine d’Eleuthérocoque en cas d’hypertension artérielle sévère (tension artérielle supérieure à 180/90 mm Hg). Cette racine n’est également pas recommandée en cas de traitements hypo ou hypertenseurs.

L’Eleuthérocoque ne présente aucun danger ou de signes de toxicité chez le fœtus et l’enfant. En revanche, comme toutes les plantes, le Ginseng de Sibérie peut induire des effets indésirables en excès ou être à l’origine d’interactions médicamenteuses. Il est également contre-indiqué aux personnes sensibles comme les enfants de moins de 12 ans, les femmes enceintes et allaitantes.

• Effets indésirables : Ces effets sont liés à une consommation très importante en Eleuthérocoque. Ces derniers peuvent se manifester par des maux de tête, de la diarrhée, de l’irritabilité, des insomnies, voire des palpitations et de l’hypertension artérielle.

• Populations sensibles : Bien que les études n’aient observé aucun signe de toxicité chez le fœtus et l’enfant, la prise d’Eleuthérocoque n’est pas conseillée chez la femme enceinte et allaitante. Elle est également déconseillée chez les enfants âgés de moins de 12 ans. Dans ce sens, l’EMA (Agence européenne du médicament) préconise de réserver l’emploi de l’Eleuthérocoque aux adultes et aux enfants de plus de 12 ans.

• Interactions médicamenteuses : Il est déconseillé d’associer l’Eleuthérocoque avec des traitements anticoagulants, hypoglycémiants, hypo ou hypertenseurs ainsi que des médicaments traitant les pathologies du cœur. L’Eleuthérocoque (et plus précisément sa composition en éleuthéroside B et en éleuthéroside E) pourrait notamment interagir avec les cytochromes CYP2C9 et CYP2E1 intervenant dans le métabolisme des médicaments. Par exemple, le CYP2C9 est une enzyme métabolisant les anticoagulants coumariniques, dont la warfarine et l'acenocoumarol.

• Autres précautions : Il est recommandé de prendre l’Eleuthérocoque de préférence le matin et de ne pas excéder 3 mois, voire 2 mois de cure. Après 3 semaines de prise, faire une pause d’une semaine pour ne pas épuiser l’organisme. Compte tenu de son action stimulante, il est aussi conseillé de restreindre sa consommation en aliments contenant de la caféine (comme le thé, le café, le guarana, le cacao, le maté, la noix de Kola, etc.) pendant toute la cure d’Eleuthérocoque. Cette précaution est aussi valable pour les compléments alimentaires renfermant de la caféine. Les possibles effets indésirables de cette association sont l’insomnie, l’irritabilité et les palpitations. 

• Adaptogène : l’Eleuthérocoque est une plante adaptogène qui a montré lors de plusieurs études ses bienfaits sur la fatigue et les performances physiques (augmentation de la durée de l’effort, de la force, etc.). En effet, cette racine aide l’organisme à s’adapter et à faire face aux différents stress auquel il est soumis : stress émotionnel, mental et physique. Ces propriétés adaptogènes proviendraient en partie de son activité sur les glandes surrénales par la régulation du cortisol en fonction des niveaux de stress. 

• Immunostimulante : le Ginseng de Sibérie permettrait d’activer les défenses immunitaires de l’organisme. Des essais cliniques réalisés avec des extraits d’Eleuthérocoque ont montré qu’ils permettraient de favoriser le processus de phagocytose (assurant la capture et la destruction des cellules étrangères), mais aussi d’accroître le taux d’anticorps et de lymphocytes (globules blancs intervenant dans l’immunité). Ce sont notamment les polysaccharides de l’Eleuthérocoque qui agiraient sur les macrophages et les lymphocytes.