Le Curcuma Longa, plante herbacée à rhizome, aussi connu sous le nom de safran indien, contient de nombreuses molécules actives appelées curcuminoïdes, qui représentent environ 4% en poids de la racine séchée. Les principaux sont la curcumine (70-90%), la déméthoxycurcumine (15-20%) et la bisdéméthoxycurcumine (2-6%). Ce rhizome-là est alors réduit en poudre pour être utilisé par la suite comme épice. Le curcuma est donc adopté en cuisine iranienne, malaisienne, indienne, chinoise, polynésienne et thaïlandaise, conférant ainsi à leurs mets, aussi délicieux que savoureux, cette variété de couleur et de goût. Des études in vitro et in vivo ont démontré récemment que le curcuma était une plante médicinale qui regorgeait de bienfaits, notamment par ses effets antioxydant, anti-infectieux, anti-inflammatoire et anticancer. Aussi, il joue un rôle très important dans la prévention et le soulagement de symptômes de certaines maladies, à savoir : les troubles gastro-intestinaux, les maladies dermatologiques, auto-immunes, neurologiques, ou encore, le diabète, le stress et la dépression. Dans la médecine ayurvédique, le curcuma est employé comme remède contre les rhumatismes, la toux et les sinusites.
Cet article a été mis à jour le 08/02/2023Tout récemment, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l'alimentation, de l'Environnement et du travail (ANSES) a fait le bilan de son dispositif de nutrivigilance et a recensé près de 100 signalements d’effets indésirables, dont 15 hépatites. Ces réactions-là sont dues à une surconsommation de compléments alimentaires à base de curcumine optimisée, et ce, dans le but d'améliorer son assimilation dans l'organisme. Les effets indésirables les plus communs sont une sécheresse de la bouche, des flatulences et des brûlures d'estomac (lorsque la curcumine est consommée à des doses élevées), voire parfois des nausées et vomissements lorsqu'il y a un surdosage.
Pour une consommation de curcumine sans risque pour la santé, l’Autorité Européenne de Sécurité Alimentaire (EFSA) a fixé une dose journalière admissible (DJA) à 180 mg/j de curcumine, pour un adulte de 60 kg. L’ANSES, quant à elle, a déterminé que la dose apportée par les compléments alimentaires optimisés ne doit pas dépasser 153 mg/j de curcumine, pour un adulte de 60 kg.
Notez bien que : 1 g de curcuma équivaut à 30 à 50 mg de curcumine ; 1 cuillère à café équivaut à environ 5 g de curcuma.
La curcumine, molécule active du curcuma, est réputée pour ses effets anti-inflammatoires. En effet, des études ont démontré qu’elle jouait un rôle dans l’inhibition des voies NF-κB et JAK/STAT, signalisations responsables de l’augmentation de la production de gènes et de cytokines pro-inflammatoires, et qu’elle activait le Nrf2, protéine antioxydante qui aide à protéger contre les dommages oxydatifs. Sur des données expérimentales, il a été mis en évidence que la curcumine induit une réduction de la production des cytokines pro-inflammatoires et une inhibition des voies métaboliques de COX-2, impliquées dans la production de prostaglandines qui médient la douleur et soutiennent le processus inflammatoire. Elle conduit également à une inhibition des voies métaboliques des LOX, qui sont médiateurs d'une série de maladies inflammatoires, à savoir la polyarthrite rhumatoïde, les maladies inflammatoires de l'intestin, le psoriasis, la rhinite allergique, l'athérosclérose et certains types de cancer. Aussi, d'autres recherches ont montré que la curcumine serait efficace dans la prévention du syndrome prémenstruel (SPM). En effet, la prise quotidienne d'un extrait de curcuma pendant 7 jours avant les règles et 3 jours après la fin de la période menstruelle diminuerait la douleur due à l'inflammation de l'utérus, et améliorerait l'humeur des femmes atteintes de SPM.
La curcumine est un polyphénol, connu pour être un fort antioxydant, qui lui attribue ainsi cet effet anticancéreux. En effet, des études ont montré que l'injection de curcumine par voie intrapéritonéale inhibait la croissance tumorale et la tumorigénicité, c’est-à-dire la capacité de cellules transformées à induire la formation de tumeurs. Elles ont également démontré qu’elle réduisait les niveaux d'IL-6 (cytokines pro-inflammatoires qui contribuent à la progression tumorale) dans le sérum et les tissus tumoraux dans un modèle de xénogreffe de cancer gastrique humain, et un modèle d'allogreffe de cancer du côlon chez la souris.
Aussi, deux études récentes ont démontré l’effet positif de la curcumine sur l’amélioration de la qualité de vie de patients atteints de cancers et traités par chimiothérapie et/ou radiothérapie. En effet, ce puissant anti-oxydant ralentirait le développement de plusieurs types de cancers en favorisant une nécrose cellulaire considérable et en réduisant la formation de métastases. De plus, il agirait sur les effets secondaires incommodants des traitements, notamment les réactions cutanées qui se manifestent au cours de la radiothérapie.
Notez bien que la curcumine ne guérit pas le cancer et ne doit en aucun cas interagir, ni remplacer les traitements anticancéreux. Cependant, elle peut être utilisée dans le cadre de la prévention et être consommée en dehors des jours de médications.
La curcumine est connue aussi pour avoir des vertus sur le système digestif. En effet, l’OMS et la commission européenne ont reconnu officiellement le curcuma comme étant un aliment pouvant traiter la dyspepsie. Grâce à son pouvoir anti-inflammatoire et antibactérien, des études ont démontré que la curcumine permettait de réguler la flore intestinale en inhibant la multiplication de certaines bactéries pouvant être néfastes, en particulier l’Helicobacter pylori, qui est responsable d’apparition d’ulcères gastroduodénaux ou de reflux gastro-œsophagiens. Elle a comme rôle d’inhiber la sécrétion acide des cellules pariétales de l’estomac et d’augmenter la sécrétion de mucine gastrique, qui à son tour protège la muqueuse de l’estomac. Les nombreux bienfaits de la curcumine permettent donc de soulager les troubles digestifs et de réduire les symptômes de douleurs abdominales, de reflux gastro-œsophagiens, de ballonnements dus à un repas très copieux ou très gras, mais aussi les nausées et les brûlures gastriques. Il est recommandé de consommer 2g/j de curcuma, ce qui équivaut à 100mg de curcumine.
Plusieurs recherches ont démontré que la prise de curcumine, seule ou en combinaison avec d’autres ingrédients à base de plantes, pouvait améliorer la fonction des personnes souffrant d’arthrose du genou. Dans certaines recherches, les résultats d’une association de curcuma et d’ibuprofène ont indiqué une réduction de la douleur liée à l’arthrose, à raison de 2g/j de curcuma, c’est-à-dire : 100mg/j de curcumine, et de 800mg/j d’ibuprofène.
La curcumine a aussi fait ses preuves en dermatologie. En effet, plusieurs recherches ont suggéré que la prise de curcumine par voie orale réduirait significativement le score de démangeaisons chez des individus atteints de prurit (notamment en cas de maladies rénales chroniques), et ce, à raison de 500mg de curcuma (22mg de curcumine) 3 fois par jour pendant 6 semaines.
La réponse est oui. Des études pharmacocinétiques ont démontré que la curcumine est mal absorbée dans l’intestin, indépendamment de la voie d’administration. Seules des traces sont détectées dans le sang, la majeure partie étant éliminée par les urines, ce qui limite sa biodisponibilité. Il serait donc judicieux pour vous d’améliorer la stabilité et la solubilité de la curcumine.
La biodisponibilité de la curcumine peut être augmentée en utilisant différents types d'adjuvants :
Associer le poivre au curcuma peut améliorer la biodisponibilité ainsi que l’assimilation de la curcumine, grâce à la pipérine, molécule active du poivre noir, qui a comme rôle d’inhiber la glucuronidation (l’inactivation) de la curcumine. Un rapport de 1:9 est recommandé pour une meilleure absorption : 1 dose de poivre pour 9 doses de curcuma.
La combinaison de la quercétine à la curcumine augmente l’assimilation et l’absorption de la curcumine, elle est présente dans les câpres, les oignons rouges, les échalotes, les raisins et les pommes rouges.
La catéchine, présente dans le thé vert et le cacao, est une molécule pouvant améliorer l’assimilation de la curcumine.
Associer le curcuma à une matière grasse permet à la curcumine d’être mieux assimilée par l’organisme car elle est liposoluble, c’est-à-dire soluble dans les graisses et huiles.
Plusieurs autres formulations et techniques existent afin d’améliorer l’assimilation de la curcumine et de surmonter ces inconvénients :
Utilisation de la curcumine liposomale : nommée également encapsulation. L’objectif est d’encapsuler le principe actif, ici la curcumine, au cœur d’une enveloppe lipidique qui lui permettra de résister aux attaques des enzymes et aux acides gastriques. En effet, la curcumine est hydrophobe, sensible à la lumière, aux conditions alcalines, aux traitements thermiques, aux enzymes, à l’oxygène et à l’acide ascorbique. Cette technique permettra donc une meilleure assimilation de la curcumine.
L’intégration de la curcumine dans des nanoporteurs ou nanocapsules permettrait de stimuler sa biodisponibilité et sa solubilité, sa circulation à long terme et sa rétention dans le corps, tout en surmontant les barrières physiologiques pouvant porter atteinte à sa non-assimilation dans l’organisme.
La microencapsulation est une technique souvent utilisée aussi pour réduire la volatilité de la curcumine, pour fournir ainsi une plus grande stabilité lorsqu'elle est exposée à des conditions défavorables.
La consommation de curcuma est déconseillée aux individus présentant un terrain allergique, mais aussi, aux sujets atteints d’ulcères de l’estomac ou du duodénum, car il y a un risque d’augmenter l’irritation.
L’ANSES déconseille la consommation de compléments alimentaires à base de curcuma aux personnes souffrant de pathologies des voies biliaires en raison de ses propriétés cholérétiques, c’est-à-dire qu’il entraîne la sécrétion de la bile.
Selon l’agence européenne du médicament, il est déconseillé chez la femme enceinte ou allaitante de consommer de la curcumine, hors usage alimentaire, et ce, par principe de précaution seulement. En effet, en faisant une cure de curcuma, il y aurait un risque de déclencher des contractions de l’utérus.
Il est également déconseillé d’interagir certains médicaments avec de la curcumine, à savoir :
Les médicaments anticoagulants/ antiplaquettaires : En effet, la curcumine a été décrite comme ayant un effet antiagrégant plaquettaire avec une intensité d’interaction forte avec les médicaments anticoagulants, elle peut déstabiliser le niveau de coagulation, pouvant ainsi provoquer une hémorragie chez les individus prenant ces médicaments.
Les médicaments anti-inflammatoires : Étant donné ses vertus anti-inflammatoires sur l’organisme, il est déconseillé d’interagir la curcumine avec les médicaments anti-inflammatoires pour ne pas accroître leur effet et provoquer des effets indésirables, voire de surdosage.
Les médicaments anti-diabétiques : La curcumine a des vertus contre le diabète, cependant, il est recommandé de ne pas en consommer en même temps des médicaments anti-diabétiques pour ne pas accroître leur effet et risquer ainsi une hypoglycémie.
N’hésitez pas à prendre conseil auprès de votre médecin traitant.
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