L’utilisation par voie orale des huiles essentielles est à la fois pratique, facile et efficace rapidement. Elle permet d’obtenir aussi bien une action locale, sur le système digestif, urinaire, ou la sphère ORL par exemple, qu’une action systémique grâce au passage des molécules aromatiques dans la circulation générale. L’ingestion d’huiles essentielles nécessite en général un support tel que du miel, une huile végétale ou un comprimé neutre par exemple, puisque les huiles essentielles ne sont pas miscibles dans l’eau. La voie orale ne doit toutefois pas être utilisée à la légère : elle est considérée comme la voie d’utilisation la moins bien tolérée du fait de l’absence de barrière protectrice, contrairement à la voie cutanée par exemple. Elle ne doit pas être utilisée chez les utilisateurs sensibles tels que les enfants et les femmes enceintes et allaitantes. Elle est généralement utilisée en curatif, et de préférence sur une courte durée. Elle permet néanmoins l’administration de molécules pouvant présenter un risque pour la peau.
Cet article a été mis à jour le 04/12/2023Pour faciliter l’ingestion des huiles essentielles, il est recommandé d’utiliser un support alimentaire adapté puisque les huiles essentielles ne sont pas miscibles dans l’eau. Celui-ci dépendra à la fois de l’action recherchée et de l’huile essentielle utilisée :
Bien qu’il soit parfois indiqué d’utiliser les huiles essentielles pures, certaines peuvent être irritantes ou présenter d’autres toxicités relatives à leur composition. Les huiles essentielles ont par ailleurs un goût très fort, parfois désagréable. Dans tous les cas, en cas de doute, il est préférable de demander conseil à un professionnel, d’utiliser un support, ou de privilégier la voie cutanée si possible.
Sauf avis médical, l’ingestion d’huiles essentielles est déconseillée :
De manière générale, l’utilisation par voie orale des huiles essentielles nécessite une certaine vigilance vis-à-vis des utilisateurs sensibles, mais également des risques de surdosage et d’exposition prolongée. Par ailleurs, leur goût peut être assez fort et ne plaira pas à tous. Dans la mesure du possible, il sera toujours préférable de privilégier la voie cutanée.
Il est préférable d’ingurgiter une huile essentielle à proximité d’un repas, pour une assimilation rapide. En effet, lors d’un repas, il y a une activation des enzymes digestives permettant une assimilation rapide des nutriments. C’est pourquoi, l’ingestion d’huile essentielle ne sera que plus efficace et mieux tolérée pendant, avant, voire juste après le repas. Si l’huile essentielle est potentiellement irritante, il est préférable de la prendre au cours d’un repas pour éviter une agression de la muqueuse gastrique.
Il est important de préciser que les risques cités ci-dessous ne sont pour la plupart présents qu’en cas de surdosage, ou d’utilisation prolongée. Il faut aussi souligner l’importance du totum (ou quenching) de l’huile essentielle : l’action commune des molécules d’une huile essentielle permet parfois de réduire la toxicité attribuée à une seule molécule isolée.
Rares sont les huiles essentielles qui ne présentent aucune contre-indication. Toutefois, par voie orale, certaines huiles essentielles sont tout de même bien mieux tolérées que d’autres. Ces huiles essentielles présentent en effet peu de risque toxique sur le long terme, bien qu’elles puissent présenter d’autres risques d’utilisation (photosensibilisant, hypotensif, cortison-like, etc.).
Huiles essentielles bien tolérées : Bois de Hô, Camomille Romaine, Citron, Combava, Eucalyptus Citronné, Eucalyptus Globulus, Eucalyptus Radiata, Géranium Rosat, Laurier Noble, Lavande Vraie, Mandarines, Marjolaine à Coquilles, Néroli, Niaouli, Oranges, Palmarosa, Pamplemousse, Petit Grain Bigarade, Ravintsara, Saro, Tea Tree, Thym à linalol, Thym à thujanol, etc.
Dosage maximal possible : les doses à ne pas dépasser peuvent varier, mais il est admis que la dose thérapeutique usuelle pour un adulte est de 0.008 mL par kg et par jour, séparé en 3 prises. Pour un adulte de 60 kg, cela correspond à 0,48 mL par jour, soit 12 gouttes maximum, à séparer en 3 prises de 4 gouttes (il y a environ 25 gouttes dans 1 mL)
Dosages habituels recommandés : le dosage pouvant varier selon l’huile essentielle, il est préférable de toujours se fier aux conseils d’utilisation spécifique de l’huile essentielle. En cas de doute, pour ne prendre aucun risque, il est possible de se fier à l’équivalence suivante : 1 goutte d’huile essentielle pour 10 kg de poids corporel. En moyenne, cela peut représenter :
Il est recommandé de ne pas dépasser 3 semaines d’utilisation maximum, et de bien respecter une fenêtre thérapeutique d’une semaine de pause pour les huiles essentielles bien tolérées. Selon les cas, il est également envisageable d’adopter un rythme de 5 jours de prise et 2 jours d’arrêt.
Certaines huiles essentielles peuvent provoquer une inflammation des néphrons, l’unité structurale et fonctionnelle du rein, et sont donc considérées comme toxiques pour les reins. Ce sont entre autres les huiles essentielles riches en monoterpènes tel que l’alpha-pinène. Elles le sont toutefois à des doses supérieures aux doses thérapeutiques, et lors de prises répétées par voie orale. En pratique, ces doses ne sont jamais atteintes, mais vigilance tout de même pour les personnes atteintes d’insuffisance rénale aiguë. La plupart de ces huiles essentielles étant par ailleurs surtout utilisées par voie cutanée ou en diffusion, le risque d’exposition est finalement assez rare.
Huiles essentielles à risque néphrotoxique : Ciste, Cyprès de Provence, Encens, Epinette Noire, Genévrier, Mélèze, Myrte Rouge et Vert, Pin Douglas, Pin Sylvestre, Pruche, Rhododendron, Sapin Baumier, Sapin Blanc, Térébenthine, etc.
Le dosage pouvant varier selon l’huile essentielle, il est préférable de toujours se fier aux conseils d’utilisation spécifique de l’huile essentielle. En cas de doute, pour ne prendre aucun risque, il est possible de se fier à l’équivalence suivante : 1 goutte d’huile essentielle pour 10 kg de poids corporel. En moyenne, cela peut représenter :
Il est généralement recommandé de ne pas dépasser 5 jours d’utilisation consécutifs, et de bien respecter une fenêtre thérapeutique de 2 jours pour les huiles essentielles pouvant être néphrotoxiques.
Les huiles essentielles riches en cétones monoterpéniques (en particulier camphre, menthone, pipéritone, pulégone, thuyone, fenchone) et sesquiterpéniques (atlantone), en lactones, et à éthers-oxydes (myristicine, apiole, safrole) présentent un risque de neurotoxicité. Le seuil de neurotoxicité aiguë de ces molécules est toutefois situé au-delà de la dose conseillée en général. Une vigilance est surtout de mise pour les personnes atteintes de pathologie du système nerveux (épilepsie, sclérose en plaques, maladie de Parkinson, d’Alzheimer, etc.) ainsi que pour les femmes enceintes, nourrissons et jeunes enfants, en plein développement cérébral. Il peut aussi y avoir un effet cumulatif des cétones neurotoxiques, raison pour laquelle la durée d’utilisation doit être limitée.
La toxicité des cétones est toutefois relative selon leur nature. Les italidiones, la verbénone et la carvone seraient en effet moins à risque que les autres. Les huiles essentielles riches en salicylate de méthyle (Gaulthérie Odorante et Couchée, et Bouleau) présentent quant à elles un risque neurotoxique mais ne sont généralement pas utilisées par voie orale.
Huiles essentielles à risque neurotoxique : Achillée Millefeuille, Aneth, Buchu, Cèdre de l’Atlas, Carvi, Coriandre, Curcuma, Eucalyptus Mentholé, Fenouil Doux, Lavandula Stoechas, Lavande Aspic, Lavandin Super, Menthe des Champs, Menthe Poivrée, Menthe Pouliot, Menthe Verte, Muscade, Persil frisé, Persil commun, Romarin à Camphre, Romarin à Cinéole, Romarin à Verbénone, Sauge à feuilles de Lavande, Tanaisie Annuelle, Zédoaire.
On retrouve par ailleurs certaines huiles essentielles interdites à la vente publique pour ces mêmes raisons : Absinthe, Armoise, Hysope officinale, Sauge officinale, Tanaisie vulgaire, Thuya occidental…
Il est préférable de ne jamais dépasser 3 à 6 gouttes par jour chez les adultes, à répartir dans la journée (soit 2 gouttes 2 à 3 fois par jour).
Il est généralement recommandé de ne pas dépasser 5 à 7 jours d’utilisation consécutifs selon le niveau de toxicité de l'huile essentielle.
Les phénols (carvacrol, thymol et eugénol) et les phénols méthyl-éthers (estragole et anéthole) présents dans certaines huiles essentielles peuvent altérer les cellules hépatiques, les cellules du foie, et provoquer un risque hépatotoxique. Ce risque est encore une fois présent à des doses très importantes, et sur le long terme lors de prises chroniques. Par ailleurs, les études prouvant ce risque hépatotoxique ont été réalisées sur les molécules isolées. Les huiles essentielles qui en contiennent ne seraient quant à elles pas aussi toxiques pour le foie, d’autant qu’elles sont généralement utilisées sur de courtes durées. Le principe de précaution s’applique tout de même, et il peut être conseillé d’associer la prise de ces huiles essentielles avec une huile essentielle hépatoprotectrice comme le Citron.
Huiles essentielles à risque hépatotoxique : Basilic Tropical, Estragon, Origans, Sarriettes, Clou de Girofle, Cannelles, Thym à feuilles de Sarriette, Thym à Thymol, Ajowan, Bay Saint Thomas
Il est préférable de ne jamais dépasser 3 gouttes par jour chez les adultes, à répartir dans la journée (soit 2 gouttes 2 à 3 fois par jour).
Il est généralement recommandé de ne pas dépasser 5 à 7 jours d’utilisation consécutifs selon le niveau de toxicité de l'huile essentielle.
Les essences d’agrumes sont considérées comme bien tolérées parce qu’elles ne présentent pas de toxicité particulière en cas d’utilisation prolongée. Elles contiennent toutefois des coumarines, des molécules aromatiques bicycliques qui sont dites photosensibilisantes, ou phototoxiques. Elles peuvent provoquer des rougeurs ou taches brunes, voire une dépigmentation irréversible de la peau en cas d’exposition au soleil. S’il y a surtout un risque en cas d’application cutanée, il faut rester vigilant en cas de prise par voie orale également. Par mesure de précaution, il faudra donc veiller à ne pas exposer la peau au soleil dans les 8 à 12 heures après utilisation.
Huiles essentielles à risque photosensibilisant : toutes les essences d’agrumes : Citron, Clémentine, Bergamote, Mandarines, Oranges, Pamplemousse, etc.
Les phénols (carvacrol, thymol, eugénol) et les aldéhydes aromatiques (cinnamaldéhydes et cuminaldéhyde) sont surtout réputés pour être dermocaustiques, c’est-à-dire provoquer des brûlures sur la peau, toutefois ils peuvent également provoquer des irritations au niveau des muqueuses buccales et digestives. Il est préférable d’utiliser un support tel qu’une huile végétale ou une gélule pour l’utilisation par voie orale de ces huiles essentielles afin de protéger les muqueuses.
Huiles essentielles à risque irritant : Origans, Sarriettes, Clou de Girofle, Cannelles, Thym à feuilles de Sarriette, Ajowan etc.
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Ouvrage : Faucon, M. (2017). Traité d'aromathérapie scientifique et médicale: Les huiles essentielles, fondements et aides à la prescription (3ème éd). Sang de la Terre.
Ouvrage : Couic Marinier, F., & Touboul, A. (2017). Le guide Terre vivante des huiles essentielles. Terre Vivante Editions.
Ouvrage : Franchomme, P., Jollois, R., & Pénoël, D. (1990). L'aromathérapie exactement : encyclopédie de l'utilisation thérapeutique des huiles essentielles : fondements, démonstration, illustration et applications d'une science médicale naturelle. France: R. Jollo
Cet article d'aromathérapie a été rédigé par Théophane de la Charie, auteur du livre "Se soigner par les huiles essentielles", accompagné d'une équipe pluridisciplinaire composée de pharmaciens, de biochimistes et d'agronomes.
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