La voie cutanée est la voie d’utilisation la plus courante des huiles essentielles. La peau est l’organe le plus grand du corps humain, elle est de ce fait très accessible. Cela permet de profiter pleinement des propriétés des huiles essentielles, qu’elles soient thérapeutiques, cosmétiques ou pour le bien-être. Les huiles essentielles pénètrent en effet très rapidement la peau, et peuvent avoir une action aussi bien systémique que localisée. La voie cutanée est la plus adaptée pour certains utilisateurs sensibles tels que les enfants ou les femmes enceintes. Les huiles essentielles peuvent tout de même présenter des risques d’utilisation : elles peuvent contenir des molécules irritantes voire dermocaustiques, peuvent présenter un risque phototoxique ou provoquer des allergies cutanées. Il est donc nécessaire de respecter quelques précautions pour les utiliser en toute sécurité, comme réaliser un test allergique avant toute utilisation ou les diluer selon la situation.
Cet article a été mis à jour le 12/12/2023-Dans quelle situation privilégier la voie cutanée ?
-Faut-il diluer les huiles essentielles ?
-Dilutions recommandées pour les adultes et enfants de plus de 6 ans
-Dilutions recommandées pour les enfants (3 ans à 6 ans)
-Dilutions recommandées pour les bébés (3 mois à 3 ans)
-Quelle partie du corps privilégier ?
-Les risques liés à l'application des huiles essentielles par voie cutanée
La peau est la voie d’administration des huiles essentielles la plus facile, la plus rapide et la plus efficace pour 3 raisons :
En effet, les huiles essentielles traversent très facilement les différentes couches de la peau, d’une part grâce à leur faible poids moléculaire, et d’autre part grâce à leur caractère lipophile. Cela leur permet de rejoindre rapidement la circulation sanguine sans affecter ni être affectées par le système digestif. Des dosages sanguins ont déjà été effectués quelques minutes après application, montrant la présence de molécules aromatiques dans le sang. Cinquante minutes à 2h après, ces dernières peuvent même être présentes dans l’air expiré.
La voie cutanée est également employée car elle présente le moins de risques d’utilisation et qu’elle permet tant une action locale que systémique ou olfactive selon les besoins. Elle peut donc présenter un réel intérêt dans les cas suivants :
Il est généralement préférable de diluer les huiles essentielles pour une meilleure tolérance cutanée. Les huiles essentielles étant lipophiles, il est possible de les diluer dans des supports gras, le plus courant étant les huiles végétales. L’intérêt de diluer les huiles essentielles dans une huile végétale est double : cela permet à la fois de faciliter l’application grâce à la texture grasse des huiles végétales, mais aussi et surtout d’avoir une pénétration plus longue et plus homogène des composés aromatiques. Plus l’huile essentielle doit pénétrer profondément, plus son support de dilution devra être fluide. Les huiles végétales permettent également d'agir en synergie avec les huiles essentielles. Par exemple, l’huile végétale d’Arnica sera complémentaire des huiles essentielles anti-inflammatoires en cas de douleurs articulaires ou musculaires.
Les huiles essentielles se diluent en toutes proportions, et peuvent dans certains cas particuliers être utilisées pures. De nombreux paramètres entrent en jeu, raison pour laquelle il est difficile de fixer une règle de dilution claire et précise des huiles essentielles. La dilution dépendra en effet :
La fréquence et la durée d’application dépendront surtout de l’action recherchée, toutefois il est préférable de se limiter à une durée de 3 semaines maximum pour les adultes, durée conventionnelle d’une cure qui peut être renouvelée si besoin en préservant bien une semaine d’intervalle. Pour les enfants, cette durée peut être réduite à 5 jours.
Il est avant toute chose nécessaire de connaître l'équivalence entre le nombre de gouttes et le volume correspondant. Cela est généralement spécifié sur le flacon ou le site internet, et équivaut à :
Voici quelques exemples de dilution :
Pour toutes les huiles essentielles présentant un risque dermocautisque à l'état pur, une dilution à 10 % maximum dans un support ou un mélange d'huiles essentielles est généralement conseillée, sauf cas exceptionnel telles que les infections cutanées très localisées (verrue, mycose, etc.).
La voie cutanée est la voie d’utilisation privilégiée pour les enfants car c’est l’une des plus douces. La peau des enfants et des bébés est en effet plus fine que celle des adultes. L’absorption des molécules aromatiques des huiles essentielles est donc largement supérieure chez les enfants et bébés que chez les adultes, de même que la distribution, le métabolisme et l’élimination. Il est ainsi souvent préférable de diluer les huiles essentielles dans une huile végétale pour toute application cutanée chez les enfants et les bébés, et de se limiter à 5 jours d'utilisation maximum sauf avis médical. Cela permet par ailleurs d’associer les bienfaits des huiles essentielles avec celui des massages.
Les huiles essentielles dermocaustiques sont déconseillées pour les enfants de moins de 6 ans, sauf sur avis médical.
Si l’utilisation d’hydrolat est généralement à privilégier pour les bébés, quelques huiles essentielles peuvent être utilisées dès le plus jeune âge pour soulager naturellement certains maux. La peau des bébés étant fine et fragile, il est toutefois nécessaire de systématiquement les diluer dans une huile végétale pour éviter tout risque d’irritation, et de se limiter à 5 jours d'utilisation maximum sauf avis médical. La dilution dans une huile végétale permet par ailleurs d’associer les bienfaits des huiles essentielles avec celui des massages, et de créer un moment privilégié avec l’enfant. La voie cutanée est la voie royale pour les bébés, dans la plupart des situations.
Les huiles essentielles dermocaustiques sont déconseillées pour les enfants de moins de 3 ans, sauf sur avis médical.
Selon l’action recherchée de l’huile essentielle, les zones d’application sont nombreuses :
Pour ce qui est d’utiliser les huiles essentielles pour l’hygiène, que ce soit pour parfumer ou pour leurs propriétés, il faut savoir que les huiles essentielles ne sont pas miscibles dans l’eau. Elles doivent donc être diluées au préalable dans un support adapté : sel de bain, gel douche, shampoing neutre, solubilisant, etc. Intégrées dans le bain, les huiles essentielles peuvent présenter un intérêt thérapeutique au-delà de conférer une odeur agréable :
La voie cutanée est la voie d’administration la plus souple des huiles essentielles, toutefois certaines précautions d’utilisation doivent être respectées. Les huiles essentielles sont en effet des concentrés de molécules, qui peuvent présenter des risques toxiques. Il est donc important de connaître ces risques pour pouvoir utiliser les huiles essentielles en tout sécurité.
Les phénols (carvacrol, thymol, eugénol) et les aldéhydes aromatiques (cinnamaldéhydes et cuminaldéhyde) présents dans certaines huiles essentielles peuvent provoquer des brûlures. Ces huiles essentielles doivent donc être utilisées sur des zones très localisées, et diluées à 10 % maximum.
Exemples : Origans, Sarriettes, Clou de Girofle, Cannelles, Thym à feuilles de Sarriette, Ajowan etc.
Certains aldéhydes terpéniques (citrals) et monoterpènes (alpha-pinène, limonène, etc.) présents à plus de 50 % peuvent également provoquer une forte réaction inflammatoire et être considérés comme dermocaustiques à l'état pur.
Exemples : essences d'agrumes, Eucalyptus Citronné, Combava, Verveine Exotique et Odorante, Lemongrass, Mélisse, Térébenthine, etc.
C’est le risque le plus courant des huiles essentielles par voie cutanée. Certaines huiles essentielles peuvent en effet provoquer des rougeurs cutanées, prurits, etc. Les principales molécules pouvant causer une irritation cutanée sont certains monoterpènes et monoterpénols, à hauteur de 30 % (alpha-pinène, limonène, menthol par exemple), les éthers terpéniques, certains aldéhydes terpéniques (citronellal) et le salicylate de méthyle. En fonction de cette toxicité, il est recommandé de diluer l’huile essentielle à hauteur de 20 % maximum.
Exemples : essences d’agrumes (Citron, Orange, Pamplemousse, etc.), Menthe Poivrée, Menthe des Champs, Pins et Sapins, Genévrier, Térébenthine, Lemongrass, Verveines, Gaulthérie Odorante, etc.
Les huiles essentielles contiennent de nombreuses molécules allergènes en plus ou moins grande quantité. Les molécules classées comme allergènes cosmétiques sont : l’alcool anisylique, l’alcool benzylique, l’alcool cinnamique, le benzoate de benzyle, le cinnamate de benzyle, les citrals, le citronellol, les coumarines, l’eugénol, le farnésol, le géranial, le géraniol, l’isoeugénol, le limonène, le linalol, le néral, le salicylate de benzyle et le trans-cinnamaldéhyde. Elles peuvent provoquer des réactions allergiques sur la peau, il est donc nécessaire de toujours réaliser un test allergique avant toute utilisation d’huiles essentielles.
Les huiles essentielles contenant des molécules aromatiques bicycliques comme les coumarines sont dites photosensibilisantes, ou phototoxiques. Ces molécules sont souvent retrouvées sous forme de traces dans les huiles essentielles obtenues par expression telles que les huiles essentielles d’agrumes, mais pas uniquement. En cas d’exposition au soleil, ces substances peuvent provoquer des rougeurs ou taches brunes voire une dépigmentation irréversible. Pour ces huiles, il faudra donc veiller à ne pas exposer la peau au soleil dans les 8 à 12 heures après application ou ingestion. Pour des usages cosmétique, il existe des huiles essentielles d’agrumes sans coumarines.
Exemple d’huiles essentielles photo-sensibilisantes : toutes les essences d’agrumes (Citron, Bergamote, Mandarine, Orange, etc.) Angélique, Fenouil, Khella,…
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Ouvrage : Millet, F. (2015). Le grand guide des huiles essentielles. Marabout.
Ouvrage : Festy, D. (2018). Ma bible des huiles essentielles: Guide complet d'aromathérapie. Leduc.s éditions.
Ouvrage : Franchomme, P., Jollois, R., & Pénoël, D. (1990). L'aromathérapie exactement : encyclopédie de l'utilisation thérapeutique des huiles essentielles : fondements, démonstration, illustration et applications d'une science médicale naturelle. France: R. Jollo
Ouvrage : Jaffrelo, A. (2015). L'aromathérapie des petits. Editions Alternatives.
Ouvrage : Zahalka, J. (2017). Dictionnaire complet d'aromathérapie. Editions du Dauphin.
Ouvrage : Couic Marinier, F., & Touboul, A. (2017). Le guide Terre vivante des huiles essentielles. Terre Vivante Editions.
Cet article d'aromathérapie a été rédigé par Théophane de la Charie, auteur du livre "Se soigner par les huiles essentielles", accompagné d'une équipe pluridisciplinaire composée de pharmaciens, de biochimistes et d'agronomes.
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