Pour vérifier la qualité de nos huiles essentielles, chaque lot est analysé par une technique chromatographique : la chromatographie en phase gazeuse, abrégée CPG. Si vous souhaitez vérifier la quantité des composants présents dans une huile essentielle, vous passerez forcément par cette étape. Parce qu’on sait que vous n’êtes pas tous des passionnés de sciences, mais que pour comprendre la puissance des huiles essentielles il faut tout de même se pencher sur leur composition, nous vous présentons dans cet article les principales informations à savoir sur la CPG. Entre but, principe et lecture d’un chromatogramme, vous serez bientôt un pro de la chromato !

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Le but d’une chromatographie



Le but général d’une chromatographie est de séparer les molécules d’un mélange complexe, ou non. Pour permettre cette séparation, on utilise deux phases qui vont entrer en contact : l’une fixe et l’autre mobile. De nombreux facteurs internes aux molécules vont alors permettre leur séparation : leur solubilité, leur taille, leur polarité, ou la présence de certains groupes d’atomes par exemple. En prenant en compte tous ces éléments, de nombreuses techniques de chromatographie ont été développées : la chromatographie de partage, échangeuse d’ions, d’adsorption, d’exclusion etc. Selon le facteur sur lequel sera basé la séparation, la nature de la phase mobile et de la phase stationnaire vont également varier (liquide, solide ou gazeux).

Pour en revenir à notre chromatographie en phase gazeuse, je ne vous apprends rien si vous avez lu l’introduction : le but est ici de vérifier le taux des molécules présentes dans notre huile essentielle. La phase mobile, donc l’huile essentielle, subit une évaporation pour être analysée. “Mais il ne faut surtout pas chauffer une huile essentielle !” me direz-vous. Pas de panique, cette méthode d’analyse s’adresse à des molécules susceptibles d’être volatilisées, impliquant donc que l’élévation de la température ne provoque pas leur destruction. Avouez qu’il n’y aurait aucun intérêt à analyser une huile essentielle dénaturée !

Un petit exemple...

Lors d’une chromatographie d’exclusion, la séparation des molécules sera basée sur la taille de chaque molécule. La phase stationnaire sera alors un solide poreux, avec des pores de différentes tailles connues, tandis que la phase mobile sera le mélange à analyser. Le principe est assez simple, c’est le même que votre passoire à la maison ! Les molécules les plus grosses seront totalement retenues, les moyennes passeront dans les pores adaptés et les plus petites passeront dans tous les pores. Chaque molécule mettra plus ou moins de temps à traverser la phase stationnaire : elles seront séparées !

À quoi ressemble une chromatographie en phase gazeuse ?

Avant de se lancer dans les étapes de la chromatographie, il est important, que dis-je, primordial que vous visualisiez la tête d’un chromatographe pour bien tout comprendre. Celui-ci comporte 3 parties différentes :

  • un injecteur permettant d’introduire l’échantillon à analyser grâce à une micro seringue,

  • une colonne de séparation sous forme de tube, contenant la phase stationnaire et logée à l’intérieur d’une enceinte dont la température est contrôlée (on l’appelle aussi four). Cette colonne peut mesurer jusqu’à 60 mètres !

  • un système de détection qui va mesurer le signal émis par les molécules, et donc les détecter et les identifier. Dans le cas des huiles essentielles en particulier, il s’agira d’un spectromètre de masse.

Le principe

Les huiles essentielles sont injectées dans le chromatographe à l’aide d’une micro-seringue, une toute petite seringue, que l’on plante dans un septum. Dans la chambre d’injection, une température relativement élevée facilite l’évaporation de l’huile essentielle pour dissocier les composés, puis ceux-ci sont transportés par un gaz que l’on qualifie de gaz porteur, ou gaz vecteur pour le petit côté scientifique.

Les composés sont alors séparés grâce à la phase stationnaire dans la colonne qui va créer un phénomène de rétention plus ou moins fort selon les molécules. À la sortie de la colonne, les molécules sont une à une détectées au fur et à mesure de leur élution (petit terme de laborantin qui indique le retour en solution des molécules retenues), et identifiées à des temps de rétention différents selon leur affinité avec la phase stationnaire. Plus une molécule mettra de temps à sortir de la colonne, plus elle aura été retenue, et donc plus elle aura eu d’affinité. Bref, une réelle histoire d’amour qui se termine toujours tragiquement. A ce niveau là, le détecteur envoie un signal électronique plus ou moins fort selon la quantité de la molécule détectée, et l’ensemble des signaux est envoyé à un enregistreur qui s’occupe de tracer le chromatogramme, les courbes qui nous permettent ensuite de quantifier les différents composés.

Pour le domaine des huiles essentielles, la technique de spectrométrie de masse est la plus utilisée pour analyser et “peser” les molécules. Le mécanisme du spectromètre de masse est relativement complexe, mais en bref, un rapport masse atomique sur charge électrique, noté m/z est calculé de manière à trier les composés et à établir un diagramme d’abondance.

Comment lire un chromatogramme ?

Vous vous demandez à quoi ressemble l’analyse d’une huile essentielle ? La Compagnie des Sens répond à vos désirs.

Un chromatogramme se présente sous la forme d’un graphique présentant plusieurs pics, plus ou moins grands. Jusque là, tout va bien ! En abscisse est donné le temps de rétention : c’est le temps que met le composé à traverser la colonne de séparation et à atteindre le détecteur. En ordonnée nous avons l’abondance du composé, la caractéristique qui permet de nous donner la quantité du composé présent dans l’huile essentielle en fonction de la hauteur du pic. Pour les valeurs exactes, tous les calculs sont informatisés et rassemblés dans un tableau récapitulatif joint au chromatogramme.

Ainsi, les premiers pics correspondent aux composés ayant été le moins retenus par la phase stationnaire, les plus grands pics aux composés présents en grande quantité et inversement.

Eh oui, ni plus ni moins, il n’y a finalement rien de compliqué à lire un chromatogramme !

Que penser du test du buvard ?

Par ci par là, vous pourrez tomber sur un test très facile à réaliser, permettant de déceler la qualité d'une huile essentielle. Pour réaliser ce test, il suffit de déposer une goutte d'huile essentielle sur un buvard. Si vous observez une zone claire qui apparait autour de la goutte, alors les doutes sur la qualité de l'huile seraient permis.

Qu'on se le dise, seule une chromatographie ou méthode d'analyse poussée permet de déterminer la composition exacte d'une huile essentielle. Le test du buvard permet néanmoins de se rendre rapidement compte si l'huile essentielle a été coupée, avec de l'huile végétale par exemple qui laissera une tâche de gras.

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À propos de ces conseils

Cet article d'aromathérapie a été rédigé par Théophane de la Charie, auteur du livre "Se soigner par les huiles essentielles", accompagné d'une équipe pluridisciplinaire composée de pharmaciens, de biochimistes et d'agronomes. 

La Compagnie des Sens et ses équipes n'encouragent pas l'automédication. Les informations et conseils délivrés sont issus d'une base bibliographique de référence (ouvrages, publications scientifiques, etc.). Ils sont donnés à titre informatif, ou pour proposer des pistes de réflexion : ils ne doivent en aucun cas se substituer à un diagnostic, une consultation ou un suivi médical, et ne peuvent engager la responsabilité de la Compagnie des Sens.