Peut-on consommer de l’Açaï lorsqu’on est enceinte ?

L’Açaï est une petite baie, consommée principalement pour son potentiel antioxydant. En effet, elle fait l’objet de nombreuses recherches scientifiques visant à évaluer sa teneur en antioxydants et son activité antioxydante. Cette baie contiendrait des anthocyanes (la cyanidine 3-glucoside et la cyanidine 3-rutinoside) et des flavonoïdes (la quercétine, l’orientine et les proanthocyanidines). Ces composés actifs sont des phytonutriments antioxydants, capables de neutraliser les radicaux libres tels que le radical hydroxyle, l’oxygène singulet, l’anion superoxyde, l’oxyde nitrique, etc. Les radicaux libres sont des molécules instables pouvant causer des dommages cellulaires en réagissant avec des composants cellulaires comme les lipides, les protéines et l'ADN.

Selon les résultats des recherches scientifiques, le pouvoir antioxydant de l’Açaï est débattu. Certains considèrent l’Açaï comme un superfruit antioxydant, tandis que d’autres estiment que l’Açaï n’est pas plus antioxydant que la myrtille. Bien que la « puissance antioxydante » de l’Açaï soit incertaine, tous les scientifiques s’accordent à dire que l’Açaï est riche en antioxydants.

Le stress oxydatif est naturellement augmenté pendant la grossesse, car l’activité métabolique amplifiée de la grossesse entraîne une production accrue de radicaux libres. De plus, l’apport en micronutriments antioxydants est souvent limité, ce qui exacerbe le stress oxydatif. Il a été démontré que la pathogenèse de la prééclampsie, du retard de croissance fœtale et des accouchements prématurés est associée à un stress oxydatif excessif. En effet, les auteurs de cette affirmation indiquent que des lésions placentaires entraînent une production excessive de radicaux libres, favorisant un syndrome inflammatoire systémique généralisé.

L’Açaï pourrait donc promouvoir le bon déroulement de la grossesse. En contribuant aux apports en antioxydants, il préviendrait certaines pathologies de la grossesse et favoriserait la bonne santé de la mère et de son bébé.

Cependant, l’origine de la prééclampsie et des accouchements prématurés liée au stress oxydatif n’est pas certaine. Des études de grande ampleur n’ont pas observé de différence significative dans la survenue de ces pathologies en relation avec la consommation d’antioxydants chez les jeunes mamans. Davantage de recherches sont nécessaires pour confirmer les bienfaits des antioxydants sur la grossesse.

Bien que l’Açaï soit considéré depuis de nombreuses années comme un superaliment, il existe peu de preuves scientifiques convaincantes pour le promouvoir comme complément alimentaire exceptionnel pour la femme enceinte. En effet, la présence de phytonutriments antioxydants pourrait être son seul avantage notable. De nombreux micronutriments antioxydants, tels que le cuivre, le zinc, le manganèse, et les vitamines C et E, se trouvent également dans des aliments nutritionnellement plus complets comme les poissons, les huiles végétales, les céréales, les fruits à coques, les fruits, et les légumes…

Récemment, de petites quantités de lignanes ont été signalées dans l’Açaï. Les lignanes sont des composés chimiques naturels présents principalement dans les plantes et appartiennent à la famille des phytoestrogènes, c’est-à-dire qu’ils possèdent une structure similaire à celle des œstrogènes humains, les hormones féminines. En raison de cette similitude, les phytoestrogènes peuvent se lier aux récepteurs d'œstrogènes dans l’organisme. Une fois liés, ils peuvent soit activer, soit bloquer les effets des œstrogènes, modulant ainsi le système hormonal. La consommation de phytoestrogènes chez la femme enceinte doit être limitée, car les effets de ces composés sur le développement fœtal sont mal connus. Il existe des préoccupations quant à leur influence potentielle sur le développement des organes reproducteurs du bébé.

Il convient également de noter le potentiel hypoglycémiant et excitant de l’Açaï. Plusieurs études ont observé une diminution de la glycémie postprandiale après la consommation d’Açaï chez des adultes en bonne santé ou en situation d’obésité. L’hypoglycémie n’est pas souhaitable pendant la grossesse, car elle peut entraver son bon déroulement et nuire au développement du bébé si elle se produit fréquemment. En ce qui concerne son potentiel excitant, une étude indique que l’Açaï contient de la guaranine, qui est la même molécule que la caféine. Bien que la caféine soit autorisée pendant la grossesse, une consommation excessive peut favoriser la prématurité et un faible poids de naissance.

Enfin, de manière générale, il existe peu de données sur l’utilisation ou la consommation d’Açaï chez les femmes enceintes. Par mesure de précaution, il est préférable de le consommer avec modération.

Il existe différentes façons de consommer et d'utiliser l'Açaï : frais, sous forme de jus ou de purée, en poudre ou en huile.

En Europe, il est rare de trouver de l'Açaï frais dans les étals, car cette forme de consommation est généralement réservée aux pays producteurs comme le Brésil.

Le jus d’Açaï et la purée d'Açaï sont disponibles en briques ou en bouteilles. Il n'y a pas de recommandation de consommation précise, mais il est habituellement conseillé de se limiter à un verre par jour, soit 150 mL. Une étude conclut qu’une consommation de 200 mL de jus d'Açaï par jour peut entraîner une baisse de la glycémie postprandiale (après le repas), il est donc préférable de ne pas dépasser cette quantité.

La poudre d'Açaï peut être utilisée pour préparer des boissons, des smoothies ou pour accompagner d'autres préparations sucrées ou salées. Les recommandations habituelles de consommation sont de 15 g par jour, soit environ deux cuillères à café. Cependant, il est important de noter que le profil lipidique de l'Açaï n'est pas optimal. Il est principalement composé d'acides gras monoinsaturés (60,2 %), d'acides gras saturés (26,1 %) et d'acides gras polyinsaturés (11 %), dont la plupart sont des acides linoléiques (oméga-6). Un excès d'oméga-6 peut favoriser la synthèse de molécules inflammatoires dans l'organisme, ce qui favoriserait le développement des pathologies inflammatoires. Il est donc recommandé de ne pas consommer plus de 4 % des besoins énergétiques totaux (AET) en acide linoléique, ce qui équivaut à environ 8 à 10 g par jour chez une femme enceinte. Pour éviter un effet inflammatoire dû aux acides gras de l'Açaï, il est conseillé de ne pas consommer plus de 70 à 90 g de poudre d'Açaï par jour.

L'huile d'Açaï est une huile cosmétique et ne doit pas être consommée. Elle est généralement utilisée pour les peaux matures en raison de ses propriétés antioxydantes et anti-âge. Elle peut également être bénéfique pour réduire l'apparence des vergetures pendant la grossesse, car les antioxydants soutiendraient la réparation de la peau et amélioreraient son élasticité. Pour cela, appliquer quelques gouttes d'huile végétale d'Açaï sur les vergetures, deux fois par jour.

D’autres extraits naturels sont considérés comme davantage bénéfiques que l’Açaï pendant la grossesse, c’est le cas de :

• L'Acérola et le Camu-Camu, ces petites baies également originaires d'Amérique du Sud, sont riches en vitamine C, une vitamine antioxydante et qui améliore l’absorption du fer.

• Le Curcuma a divers bienfaits pour les femmes enceintes, comme le pouvoir de réduire les reflux gastro-œsophagiens et les nausées matinales, une potentielle prévention dans le développement des prééclampsies, la stimulation de la lactation, tout en offrant un réel pouvoir anti-inflammatoire non négligeable.

• Le Fenouil est intéressant pour soulager les troubles digestifs fréquents pendant la grossesse. De plus, il contribuerait à la production de lait maternel.

• Les graines de Chia et les Noix sont d'excellentes sources d'acides gras essentiels et de fibres, ce qui en fait des compléments idéaux pour la grossesse. Les omégas-3 sont reconnus pour participer au développement neurologique du fœtus. Les fibres, quant à elles, limitent la constipation, fréquente pendant la grossesse.

Il est cependant essentiel de souligner que chaque grossesse est unique. Avant d'entamer toute complémentation, il est vivement recommandé de consulter un professionnel de la santé.